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Arrivée en terre inconnue.

Nous sommes accueillis par les chants des oiseaux, premiers repères spatiaux. Je ne connais malheureusement pas leur langue, les locaux peut-être eux non plus n'ont jamais saisi la signification de cet environnement sonore. À mes yeux chacun chante la beauté des couleurs florales qui composent leurs territoires respectifs.


Accueil du gazouillis perché.

Le vent se lève... Les odeurs de la mer saisissent nos sens, une odeur bien spécifique à l'air marin, comme si les filets de pêche avaient infusé l'air que nous respirons. Le sel, les poissons et les crabes bleus capturés la nuit passée emplissent nos papilles olfactives.

Les pêcheurs préparent l'équipement pour la nuit.

Le crépuscule affiche leur silhouette sur le bleu calme de la mer.

Les femmes disposent soigneusement les crevettes séchées.

Le marché de Kep et son ambiance sonore, les sacs plastiques remplis de fruits, le bruit de fond des discussions, les presses à canne à sucre, les couteaux contre les planches à découper, les assiettes et leurs couverts... Lieu de rencontre, de diversité où la place de la femme est nécessaire. Elles vendent, coupent, cisèlent, pèsent, cuisinent, elles représentent ici la vie. Ce sont elles qui tiennent le rôle de l'échange des produits alimentaires, les légumes et fruits, elles qui nourrissent les hommes, femmes et enfants de la ville le matin. Elles créent l'énergie nécessaire au fonctionnement des diverses activités de la journée. Sur leur étale les bananes se trouvent sous plusieurs formes, petites et naturelles avec une chair jaune et gustative, transformée et frite dans une pâte à beignet ou bien enroulée dans du riz et une feuille de palme saisie sur le brasier. Les beignets en tous genres font de nous de vrais chiens, truffe sensible, les pupilles réceptives à toutes les pâtes, les couleurs des fruits, rose du dragon, orange papaye, le durian gros et piquant attire le regard. Les piments rouges nous sautent aux yeux, les femmes assises aussi. Belles au regard franc et souriant, le visage fait par la vie, des rides, une expression particulière et toujours le coin des lèvres qui s'élève pour vous inviter à vous asseoir sur le banc face à elle.

Nous trouvons celle qui prépare un plat alléchant, attirés par les crépitements de son oeuf cuit au wok. On s'installe.


Entre les rires et les discussions, les femmes font tourner la grande roue du marché.

Elles nous sourient, nous accueillent à leur cuisine pour savourer leur savoir-faire.

Entre anis et piment, sourires et remerciements.

Le petit déjeuner est préparé devant nous, la cuisine et toutes les odeurs qui s'en dégagent nous mettent en haleine.

Les nouilles se tortillent autour des herbes fraiches, le jaune de l'oeuf forme un très beau fond au plat, cuit à l'étouffée dans le wok. La bouche est emplie de différentes textures, croquante pour la cacahuète, dure et caoutchouteuse pour la crevette séchée, les nouilles par leur souplesse contrastent le tout. C'est un vrai tableau textuel. Le piment de la sauce réveille le corps, déposant ses petites pointes de chaleur sur la langue, en passant par la gorge et l'estomac, puis la menthe fraiche et le concombre adoucissent le tout laissant un peu d'espace à l'arôme du basilicum thyrsiflora, ses belles feuilles pointues suspendues aux inflorescences violettes apportent un goût très épicé, l'anis enrichi la composition et font vibrer notre palais, royal.

Le terme basilic a pour étymologie le bas latin basilicum (« royal »), les feuilles et sommités fleuries ont des propriétés stomachiques, carminatives, lactagogue, sédatives, antispasmodiques des voies digestives, diurétique, antibactérien, contre l'indigestion et en tant que vermifuge. On l'emploie généralement en infusion, vaporisation, poudre ou huile essentielle, mais également parfois en cataplasme dans certaines situations.


La simplicité du souffle, la simplicité des plantes. Méditer et se soigner.

Nos premiers repères sont faits. Nous savons désormais où nous nourrir et bien débuter nos journées. L'association Kep Children nous attend maintenant pour les aider à animer les matinées avec eux le matin. Les enfants nous accueillent à mains jointes, "Chum-reap suor".

Regard joyeux, avenir sain et proche de la nature, incertain.


On découvre dans le simple regard la franchise et la joie de ces enfants. Le pays lui-même émane cette odeur de bien-être mutuel, chaque rencontre signifie sourire, qu'il soit de gêne ou de plaisir, il y a le sourire. Je compare maintenant aux regards échangés brièvement à Paris et ailleurs en France, ils transmettent tellement moins d'émotions, moins de bien-être et de paix intérieure. Ici les gens sont "pauvres" mais riches de joie, une vie qui est vécue dans le présent, et non dans la nostalgie des temps passés ou dans le désir vain d'un futur confortable et bien loti. Quand est-ce que nos modes de vie vont changer? Qu'attend-on pour apprécier chaque jour comme le dernier, pour saisir la chance de pouvoir être autonome et créatif au sein de la nature. La société et la civilisation détruisent la conscience de la relation homme-nature qui devient vague et confuse, faisant de nous des êtres hors-sol.

"Nous imaginons que c'est l'industrie qui nous fait vivre, oubliant ce qui fait vivre l'industrie"

Aldo Leopold, Almanach d'un comté des sables.

Nous avons beaucoup à apprendre des enfants, nous les adultes.

Accompagner et montrer, apprendre à être patient pour voir fleurir le début d'une progression, pour le grand enfant comme pour le petit.

Échanger sans se parler, un retour aux éléments de base de l'expression, la gestuelle du corps.

Tirés par différentes forces la nature semble nous aider.

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